Le Drack

   Nous avons rencontré la semaine dernière une créature charmante dont la passion était de noyer les personnes les plus vulnérables. Soyez rassurés : celle d’aujourd’hui fait exactement la même chose !

Le Drack de Franche-Comté occupe en effet son temps de la même manière que le Drac du Languedoc, mais plutôt que de faire miroiter des objets à la surface de l’eau ou de prendre apparence humaine, il charge sur son dos ceux qu’il jettera préférentiellement dans le Doubs. Le Drack a l’apparence d’un cheval blanc sans tête, au pas léger et rapide, et qui se glisse derrière ses victimes sans un bruit. Il pose subrepticement ses deux pattes avant sur leurs épaules et, soudain, les renverse sur son dos pour d’enfuir en direction d’un fleuve ou d’une rivière, où il les plonge pour les noyer. Son teint blême, froid, évoque la mort qu’il apporte aux malheureux qu’il kidnappe. Il s’agirait de la même créature que la Blanque jument du Pas-de-Calais ou que le Lou Drapé du Languedoc, qui n’est autre que l’une des formes de Drac que l’on trouve dans la région. Ainsi que vous le voyez : tout est lié.

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Lou Drapé ne s’en prend cependant qu’aux enfants. Le son de ses sabots frappant le sol est envoûtant pour les plus jeunes qui, à la nuit tombée, ne peuvent se retenir de quitter leurs lits pour le rejoindre. Si le Drack se contente de garder les ponts et les bois, Lou Drapé vient donc lui-même à la rencontre de ses victimes. Comme la Blanque jument, il possède la faculté d’allonger son dos à mesure que les enfants y prennent place, jusqu’à pouvoir en transporter une petite centaine… Son sang glacé et l’apparence longiligne qu’il prend alors ne sont pas sans évoquer le serpent et, à travers lui, le Diable. C’est pourquoi selon certains, un signe de croix et une prière permettraient de le repousser.

1024px-DracLe Drack peut également prendre la forme d’un âne rouge, que l’on trouve à la nuit tombée à l’entrée des ponts, et qui de même incite les enfants à monter sur son dos. Dès qu’ils y sont assis, le Drack enfle, grossit, s’étire afin d’en charger de nouveaux. Et lorsqu’il estime qu’ils sont assez nombreux, généralement lorsqu’ils sont une dizaine, il se retourne sans crier gare et se précipite au fond de l’eau. Là, il abandonne les malheureux qu’il s’en va observer de loin, sur un rocher, en ricanant du bon tour qu’il leur a joué…

Moralité : ne montez pas sur le dos des inconnus, les enfants.

 

/Spawy

 

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